Vendredi soir, le 5e jour, j’ai quitté le Monastère du Carmel de Develier. Retour à la maison. Mais n’y étais-je pas déjà, là aussi ?
Une retraite spirituelle ne se raconte pas : elle se vit. Ce n’est donc pas au récit détaillé de ces cinq jours au Carmel que je vous convie ici, mais au témoignage de mes élans. Les plus ardents. Qui, parmi ceux me connaissant un peu, s’étonnerait encore de mes vifs embrasements ? Pourtant, ce séjour au Carmel m’a nouvellement enflammée. D’une joie parfaite où rien n’est à ajouter ni à retrancher. De cette félicité, thérésienne, qu’il y a à aimer, prier et rendre grâce comme on respire.
Ce n’était pas ma première retraite. A Develier, comme ailleurs, dans d’autres congrégations, j’en avais déjà fait. Mais toujours, un peu, en travaillant. On a beau, comme moi, être au service de l’Eglise et sortir sa plume - ou son ordinateur - pour la « bonne cause », il n’en reste pas moins que l’ouvrage, fût-elle belle et honorable, reste l’ouvrage ! Mais cette fois, je me l’étais promis : je ne ferais rien. Rien, si ce n’est autre chose. Autre chose, autrement. Autrement et ailleurs. Avec Lui et pour Lui. N’est-ce pas d’ailleurs pour être plus près du Seigneur qu’on se retire du quotidien ? Sinon, on partirait au bord de la mer ou dans la neige. Même si, on le sait bien, Dieu nous précède où que l’on aille. Que l’on soit au Carmel, à la maison, dans un hôtel, un hôpital ou un home, Il est là, indéfectible. Le Christ se laisserait-il alors mieux trouver au sein d’un monastère où, priant et psalmodiant, on rayonne davantage le Ciel ? Ce qui est sûr, c’est que là-bas, on est moins happé par le tumulte de l’inutile, plus à l’écoute du silence et des cris fiévreux du coeur.
C’est ainsi que, portée par le rythme de la liturgie des heures et des eucharisties, je me suis adonnée à l’oraison avec un bonheur, une évidence et une ferveur renouvelés. Emerveillée de me découvrir, tout à la fois, l’âme vivace, virevoltante et pacifiée. Sublime expérience à vivre : alléluia!
Les voix aériennes, les sourires frais des sœurs, discrètes et chaleureuses. Et ce riche entretien, scintillant d’émotions, au parloir, avec l’une des carmélites… Des religieuses, des femmes, de superbes témoins de ce temps où le Christ palpite. Et les bénévoles, à l’accueil, anges gardiens des lieux. Et les balades aux alentours. Les larges champs sous les frimas. Au fil des sentiers, les rencontres impromptues. La chapelle de l’Unité. Et, dans ma chambre, la lecture sanctifiante de la Petite Thérèse : « Histoire d’une âme ». Edifiant livre à lire : hosanna !
Christiane Elmer
A la découverte du Monastère du Carmel de Develier