Voici que cette année encore nous fêtons Pâques, la Résurrection de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu. Le terme grec « anastasis » pourrait être littéralement traduit par le fait de « se relever », sous-entendu, du sommeil de la mort…
Voilà qu’en revivant ce passage de la mort à la vie initié par Jésus, nous célébrons en communauté le moment le plus important de notre foi. Nous voulons aussi anticiper notre propre passage de la mort à vie, sans en savoir le pourquoi du comment, nous contentant d’espérer que cela arrivera le plus tard possible, avec le moins de souffrance possible. C’est déjà bien ainsi !
Nous sommes aussi invités à moult autres résurrections, où nous tournerons alors résolument le dos à la mort : les quelques jours de Carême qui nous resteront à la réception de notre mensuel préféré jusqu’à Pâques ne seront certainement pas de trop pour vivre le partage et la solidarité, pour oser pardonner et demander pardon, et pour prier avec intensité. Voilà le jeûne qui plaît à Dieu !
Dans un petit ouvrage de 1984, dans lequel l’écrivain Frédéric Dard dialogue avec l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Pierre Mamie[1], il est fait mention – déjà ! – du décalage abyssal entre le discours officiel de l’Eglise catholique, fortement marqué à cette époque-là par l’enseignement très moral des saints papes Paul VI et Jean Paul II, et la contestation qu’il suscite dans le Peuple de Dieu, notamment auprès de la jeunesse. Bientôt 40 ans après, même si les papes Benoît XVI et François se sont bien gardés de trop aborder ces thèmes qui fâchent, et que François ose même régulièrement faire un pas en direction de l’accueil, l’incompréhension et le fossé demeurent.
Bien plus, les chrétiens et l’ensemble de l’opinion publique sont régulièrement informés et scandalisés par différentes révélations ici ou ailleurs, et par l’ampleur de la souffrance et du contre-témoignage.
Dès lors, comment croire, comment témoigner de sa foi, comment dire sa confiance en Dieu ? Mgr Mamie s’interrogeait : « Je réfléchis non pas sur les grandes règles de l’éthique, mais sur la manière de dire les choses. Pour les uns, notre langage va les arrêter. Pour les autres, ils ont été guidés. Plus j’avance, plus j’ai le choix de parler quand même. Car la volonté de se taire est aussi une décision. La vie est courte. Ce dont on est sûr, il faut le clamer. (…) Chercher la popularité n’est certainement pas conforme à l’Evangile. ».
Ne nous laissons donc pas voler notre joie : le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Abbé François-Xavier Gindrat
1 Mgr Pierre Mamie, D’homme à homme avec Frédéric Dard, Fribourg, 1984