Entre un joyeux Noël et de joyeuses Pâques, qu’avons-nous ? Un triste carême ?
Bombance, opulence et frénésie, en Avent. Un trop-plein de partout. Trépidants, nous savions pourtant que la vraie Joie était ailleurs. Qu’elle nous naissait en majuscule et que, sans elle, Noël n’aurait été qu’une intense illumination des sens. Nous savons de même que Pâques, sans cette Joie christique, ne serait qu’un langoureux plaisir, chocolaté et vacancier. Pourquoi s’émerveiller du Tombeau vide si l’on ne croit pas à la Lumière qui relève et élève ?
Dans quelques semaines, le jour du mercredi des Cendres du 22 février marquera l’entrée en carême. Un temps souvent associé à quelque chose de morose et d’étriqué. Alors qu’avant nous étions dans la réjouissance des fêtes et que, bientôt, nous serons dans l’allégresse pascale, qu’en sera-t-il tantôt ? Il sera alors l’heure de traverser ce carême. D’arpenter, l’âme à genoux, un temps pouvant sembler aride et long, différent de ce qui fut et de ce qui sera. Réjouissez-vous cependant, réjouissez-vous vraiment : un entre-deux béni nous est donné à vivre ! Quarante jours pour se faire le cœur beau. Pour s’éveiller à nouveau à d’autres joies, plus discrètes, intérieures. Pour s’abreuver aux sources vivifiantes de la prière, de la repentance, de la solidarité, de la modération et de l’humilité. Un fastidieux programme ? C’est pourtant au sein de tout cela que nous est accordée la grâce d’une incommensurable Joie.
Joyeux carême
Nous ne concevons pas le temps du carême comme quelque chose de particulièrement joyeux... Il est pourtant d’autres joies à rechercher, à découvrir et savourer. En se libérant de certaines entraves, en décidant de se limiter, de renoncer, en s’ouvrant aux autres, en se montrant plus généreux, en se recueillant et se reconnaissant faibles et pauvres. Masochistes ? Non. Et ce n’est pas non plus uniquement pour suivre à la lettre les prescriptions de l’Eglise catholique. Non, le carême ne se fait pas parce qu’on doit, mais… « car aime ». Car c’est l’Amour qui infuse en nous cette joie à désirer le désert. N’avons-nous pas à éprouver, d’une manière ou d’une autre, le manque et la fatigue pour nous dépouiller, ne serait-ce que légèrement, de cet excès de nous-mêmes ? Faire carême, c’est se faire tout petit pour faire de la place à Dieu.
Quelle joie inépuisable il y a, Seigneur, à désirer Ta Présence, plus intensément encore, au cœur de nos déserts.
Matin de Pâques éternel, ô Christ, n’es-Tu pas la Joie du Ciel et de la terre ?
Christiane Elmer