Les sacrements de guérison

Onction des malades

Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui, après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient, et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis. (Jc 5,14-15)



En lisant saint Jacques, nous voyons dans l'Onction un gage de résurrection. D'autres y verraient plutôt la consécration de la souffrance, unie à celle du Christ sur la Croix. À rester ainsi en surface, nous sommes en présence de deux intuitions inconciliables, presque contradictoires. Tâchons donc de ne pas rester en surface.

Tous les sacrements se comprennent à partir du baptême et en direction de l'eucharistie. Or la même contradiction apparente affecte ces deux sacrements. L'eau du baptême est à la fois un symbole de mort et un symbole de vie, comme la Mer Rouge qui noya les forces du Pharaon et sauva lsraël. De même, le pain et le vin de l'eucharistie sont Pain de Vie et Vin du Royaume, mais aussi froment broyé et raisin écrasé.

Il ne faut pas séparer les deux faces du mystère pascal: la souffrance et la mort d'une part; la joie et la vie d'autre part. Où est l'unité entre les deux? Elle est dans l'offrande de soi. Qu'est-ce que la Pâque du Christ sinon son offrande au Père, douloureuse sur la Croix, glorieuse dans la Résurrection. Le péché est le refus d'offrir sa vie à Dieu, la fermeture sur soi-même et son propre désir. Le baptême est la sortie de ce cercle vicieux où l'homme s'enferme. Le baptisé entre dans le peuple-prêtre qui offre le monde à Dieu et, dans l'eucharistie, offre le Fils lui-même à son Père. La vie dans le Royaume est une totale ouverture, une totale transparence: c'est l'offrande épanouie.

Le sacrement de l'onction est la reprise du baptême dans une nouvelle situation, celle de la maladie. Il n'y a que deux états de vie auxquels correspond un sacrement de l'Eglise: la maladie et le mariage. Il peut sembler curieux, voire indécent, de les rapprocher l'un de l'autre. Ils ont pourtant un point commun: provoquer une reconstruction complète de la personnalité. Celui dont l'amour de l'autre est allé jusqu'à l'engagement du mariage et celui qui est gravement atteint dans sa santé ne sont plus le même homme. La bonté du Christ qui sait ce qu'il y a dans l'homme lui destine un nouveau sacrement qui adaptera son baptême à sa nouvelle situation de vie.

Celui qui reçoit l'Onction des malades est comme greffé sur la Passion du Christ. Le malade n'est plus seul face à la souffrance qu'il ressent dans tout son être et pas uniquement dans son corps comme un signe avant- coureur de la mort: le Christ est avec lui dans ce combat.


Confier sa mort au Christ


L'Eglise insiste: l'Onction des malades n'est pas destinée d'abord à celui qui va mourir l'heure d'après. Elle n'est pas, normalement, le dernier sacrement qu'il recevra. Cependant, ce ne serait respecter ni Dieu ni l'homme que de gommer la perspective de la mort. Ce ne serait pas respecter l'homme, car la mort est inéluctable. Ce ne serait pas respecter Dieu, car Dieu ne veut pas plus abandonner l'homme dans sa mort que dans les jours de sa vie.

Le croyant qui reçoit l'Onction des malades n'est peut-être pas plus courageux qu'un autre homme devant la perspective de l'échéance. Mais, par le sacrement, il confie sa mort qu'il redoute au Christ qui l'a, lui aussi, affrontée dans l'angoisse mais sans céder au désespoir. S'il peut, comme le Christ sur la Croix, faire de sa vie une offrande jusqu'au bout, au moins fugitivement, il goûte déjà un signe avant-coureur de la résurrection. Ce qui l'emporte en lui n'est plus, dès lors, la résignation mais l'amour, la résurrection.


Je te rends grâce, Seigneur, pour ce prodige:
la chose étonnante,
la merveille que je suis!

Ps 139, 14

 

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